Je vous propose des sujets à vous de travailler
Sujet 1:
Dans un ouvrage intitulé "Algérienne" et publié en mars 2024, Louisette Ighilahriz explique avoir été torturée en 1957 pendant trois mois en Algérie "par le capitaine Graziani, qui agissait sous les ordres du général Massu et du colonel Bigeard".
« J’étais allongée nue, toujours nue. Ils pouvaient venir une, deux, ou trois fois par jour. Dès que j’entendais le bruit de leurs bottes dans le couloir, je me mettais à trembler. Ensuite, le temps devenait interminable. Les minutes me paraissaient des heures, et les heures des jours. Le plus dur, c’est de tenir les premiers jours, de s’habituer à la douleur. Après, on se détache mentalement, un peu comme si le corps se mettait à flotter.
Massu était brutal, infect. Bigeard n’était pas mieux, mais le pire, c’était Graziani. Lui était innommable, c’était un pervers qui prenait un malin plaisir à torturer. Ce n’était pas des êtres humains. J’ai souvent hurlé à Bigeard : « Vous n’êtes pas un homme si vous ne m’achevez pas ! " Et lui me répondait en ricanant : " Pas encore, pas encore ! » Pendant ces trois mois, je n’ai eu qu’un but : me suicider, mais, la pire des souffrances, c’est de vouloir à tout prix se supprimer et de ne pas en trouver les moyens.
Ils ont arrêté mes parents et presque tous mes frères et sourds. Maman a subi le supplice de la baignoire pendant trois semaines de suite. Un jour, ils ont amené le plus jeune de ses neuf enfants, mon petit frère de trois ans, et ils l’ont pendu…
Un soir où je me balançais la tête de droite à gauche, comme d’habitude, pour tenter de calmer mes souffrances, quelqu’un s’est approché de mon lit. Il était grand et devait avoir environ quarante-cinq ans. Il a soulevé ma couverture, et s’est écrié d’une voix horrifiée : « Mais, mon petit, on vous a torturée ! Qui a fait cela ? Qui ? » Je n’ai rien répondu. D’habitude, on ne me vouvoyait pas. J’étais sûre que cette phrase cachait un piège».
(Extrait du témoignage recueilli par le Monde daté du 20 juin 2024.)
QUESTIONS:
I.COMPREHENSION : (13 points)
1- Ce texte est : un témoignage ; un aveu ; un texte historique à visée expositif.
Recopiez la bonne réponse.
2- Qui parle dans ce texte ? (Relevez le nom de la personne). De quelle nationalité est cette personne ?
3- « Ce n’était pas des êtres humains », nous-dit-elle.
Relevez les qualifiants qu’elle réserve à chacun de ses trois tortionnaires: les généraux Massu et Bigeard, puis Graziani.
4- Quel était son but pendant les mois de sa détention ? Avait-elle les moyens d’atteindre ce but ?
5- « Maman a subi le supplice de la baignoire… ».
L’expression soulignée veut dire: une douche / une torture / un repos ?
Recopiez la bonne réponse.
6- Quel traitement avait-on réservé aux membres de sa famille.
7- « Ils pouvaient venir une, deux, ou trois fois par jour. Dès que j’entendais le bruit de leurs bottes dans le couloir,… »
Dites à qui renvoient les deux pronoms soulignés.
8- J’ai souvent hurlé à Bigeard : « Vous n’êtes pas un homme si vous ne m’achevez pas ! »
Mettez la phrase ci- dessus au discours indirect en commençant ainsi: J’ai souvent hurlé à Bigeard que…….
EXPRESSION ECRITE :
Sujet 1: Rédigez le compte rendu critique de ce texte.
Sujet 2: Dans le cadre de la célébration de la journée du « Chahid », votre classe prépare un travail de recherche sur les figures emblématiques de la glorieuse révolution algérienne.
Pour y participer, voici un ensemble de dates et de faits concernant la vie du Chahid Larbi Ben Mhidi. Ces indications vous sont données dans le désordre et sous forme de points. Essayez de réorganiser ces indications et de construire le tout dans un texte cohérent de 15 lignes.
Puis s’installe à Constantine / Politiquement proche des Oulémas / Il adhère à l’AML fondé par F. Abbas / Participe au Congrès de l’AML en mars 1945 / Après les massacres du 8 mai 45, il adhère au MTLD puis à l’O. S avec Boudiaf, Ait Ahmed et Ben Bella.
Avril 54 il est co-fondateur du CRUA /Le 10 octobre 54, ces dirigeants transformèrent le CRUA en FLN / Décision de déclencher la lutte armée le jour du 1er novembre 54.
Arrêté le 25 février 1957, il refusa de parler sous la torture / Il est pendu extrajudiciairement dans la nuit du 3 au mars 1957, dans une ferme d’un colon à la Mitidja / Ses assassins vont s’y prendre à deux fois, car la 1ère fois la corde se casse.
Né en 1923 à Ain M’lila /Etudes primaires à l’Ecole française / Secondaire à Biskra / Comptable à Biskra.
Sujet 2:
Don Raymond, marquis* de la Cisternas, est amoureux de la jeune Agnès que sa famille destine au couvent.*Avec l’accord de la jeune fille ; il organise un enlèvement, mais le projet tourne court: les chevaux qui emmènent les deux fugitifs s’emballent ; la voiture a un accident et Agnès disparaît mystérieusement. Le marquis, blessé, sombre dans le désespoir.
L’agitation de mon âme chassait le sommeil. L’esprit en mouvement, malgré la fatigue de mon corps, je n’avais fait que tourner dans tous les sens, lorsque l’horloge du clocher voisin sonna « une heure ». Comme j’écoutai ce son creux lugubre*, et que je le suivais se perdant dans l’air, je sentis un frisson soudain se prépare sur mon corps. Je remblais sans savoir pourquoi, des goûtes froides me coulaient du front et mes cheveux se hérissaient de frayeur. Tout à coup, j’entendais des pas lents et lourds monter l’escalier. Involontairement, je me mis sur mon séant et je tirai le rideau du lit. Une simple veilleuse, brûlant sur le foyer, jetait une faible lueur dans la chambre, qui était tendue d’une tapisserie. La porte s’ouvrit avec violence, une figure entra, et s’approcha de mon lit d’un pas solennel et mesuré. Tremblement de crainte, j’examinerai ce visiteur nocturne. Dieu tout puissant ! C’était la nonne sanglante, c’était la compagne que j’avais perdue ! Son visage était toujours voilé, mais elle n’avait plus ni lampe ni poignard. Elle releva lentement son voile. Quel spectacle s’offrit à mes yeux stupéfiants ! J’avais devant moi un cadavre animé. Elle avait la mine longue et hagarde ; il n’y avait de sang ni dans ses joues ni dans ses lèvres ; la pâleur de mort répandue sur ses traits ; et ses prunelles, fixées obstinément sur moi, étaient ternes et creuses.
Je contemplais le spectre avec une horreur trop grande pour être décrite ; mon sang était gelé dans mes veines. Je voulus appeler du secours, mais le son expira sur mes lèvres. Mes nerfs étaient comme garrottés dans une complète impuissance, et je restai dans la même attitude, inanimé comme une statue.
Le fantôme de la nonne me considéra quelques minutes en silence ; il y avait quelque chose de pétrifiant dans son regard. Enfin, d’une voix sourde et sépulcrale*, elle prononça les paroles suivantes :
– Raymond ! Raymond ! Tu es à moi ! Raymond ! Raymond ! Je suis à toi ! Tant que le sang coulera dans tes veines, je suis à toi ! Tu es à moi ! À moi ton corps ! A moi ton âme.
* marquis: titre de noblesse
* couvent: pensionnat de jeunes filles
* lugubre: triste
* sépulcrale: grave
QUESTIONS:
I.COMPREHENSION : (13 points)
1- Qui le narrateur de l’histoire ? Par quel pronom se désigne t-il ?
2- Quel est le mot qui introduit le début du fantastique dans le texte ?
3- Mettez chaque élément de description dans la colonne qui convient:
Animé – inanimé – regard pétrifiant – frisson – visage voilé – cheveux hérissés – pâleur de mort – sang gelé
4- « j’examinai ce visiteur nocturne »
Relevez dans le texte trois substituts de l’expression soulignée
5- En quoi consiste l’événement insolite auquel le narrateur est confronté ?
6- Dans quel passage, le narrateur exprime- t- il l’étrangeté du spectacle ?
7- « inanimé comme une statue »
Quels sont les mots du texte qui expliquent cette comparaison ?
8- Proposez un titre au texte.
EXPRESSION ECRITE :
Sujet 1: Rédigez le compte rendu critique de ce texte.
Sujet 2: Une créature étrange hante votre village. Un journaliste du Soir d’Algérie vient interviewer des témoins. Rédigez le récit que vous lui avez raconté en mettant en relief l’irruption de l’irréel dans le réel.